Une quête...

Modératrice

Il me semble qu’il y a une éternité que je suis ces traces, entre le bleu implacable du ciel et le blanc aveuglant de la neige… Jamais IL ne m’a entrainée aussi loin…

Quand je suis partie, ce matin, les plaisanteries ont fusé de toutes parts, ils en ont même fait une chanson dont le refrain débile «C’est où le yéti ? » accompagne mes départs. Ça les fait rire et moi, je n’y prête plus guère attention. Je suis bien trop occupée par ma quête, Elle dure depuis des saisons, depuis qu’un beau jour, les montagnards ont signalé sa présence dans ces contrées inaccessibles. A partir de ce moment je me suis mise à sa recherche et j’accompagne chaque été un groupe d’alpinistes uniquement préoccupés par leurs exploits sportifs. Les « conquérants de l’inutile », comme les appelait Lionel Terray, me tolèrent parce que je les amuse.

Celui que mes camarades du camp Alpha ont baptisé « le yéti » n’est pas, bien sûr, la créature légendaire du folklore himalayen, mais un animal, un léopard des neiges, d’une espèce que l’on croyait éteinte et qui est réapparue ici. Mais la parole des montagnards ne constitue pas une preuve de son existence, pas plus que les larges traces que j’ai suivies plusieurs saisons de suite sans jamais parvenir à le voir. Mais à force d’en rêver, j’en ai une image bien précise : imaginez, un félin de l’espèce des panthères, au pelage très long et épais pour le protéger du froid, d’un gris rosé très clair, moucheté de noir, blanc immaculé sous le ventre, la poitrine et le menton. Ses larges pattes puissantes aux coussinets couverts de poils sont adaptées à la marche dans la neige et sa longue queue l’aide à garder l’équilibre sur les corniches escarpées. Une parfaite adaptation au milieu.

Un soir que je bivouaquais seule, blottie, dans une anfractuosité de rocher, avec comme seule compagnie, la lumière blafarde de ma lampe-tempête, je me suis endormie. Ai-je rêvé ? A un moment j’ai senti une présence, quelque chose était penché sur moi, un souffle chaud a traversé ma cagoule et s’est promené sur mon visage. Bizarrement, je n’éprouvais aucune surprise, aucune peur. Avant même d’ouvrir les yeux, j’étais sûre que c’était lui. Lentement, très lentement, j’ai sorti une main de mon sac de couchage, le froid intense m’a mordu la peau, mais qu’importe, j’ai avancé les doigts pour les enfouir dans le pelage le plus doux, le plus épais, le plus laineux que vous puissiez imaginer… J’ai ouvert grands les yeux et j’ai croisé les siens, immenses, lumineux, couleur d’opale. Alors, offert comme un sourire, un ronronnement s’est échappé de sa gorge en une vibration sonore et régulière. L’instant d’après, du bond souple et prodigieux, il franchissait la corniche et disparaissait dans la nuit…

Avais-je rêvé ? Je ne saurais le dire, mais depuis cette nuit-là je le cherche, je sais qu’il m’entraîne toujours plus loin, toujours plus haut dans une quête qui n’aura sans doute jamais de fin… Peut-être aujourd’hui est-il là, derrière cette butte de neige ? Mais au moment où je croirai le rejoindre, il disparaîtra, ne laissant sur la neige que des traces en forme de fleur…

Kalé'reporter

le yéti des neiges ? Le voilà !
Une quête... Dscn0411

a moins qu'elle ne soit là !

Kalé'reporter

Yéti ? Yéti???
Y est-y
ou y-est-y pas ??? euh ?

Admin

Tu m'as embarquée dès la première phrase dans cette aventure, et j'ai beaucoup aimé la seconde partie.
On a envie de suivre la quête, on a envie d'y croire, et c'est ce que je demande à un texte! me faire rêver.
Je trouve que la première photo d'Escandelia correspond parfaitement à ton histoire bravo!

Modératrice

Merci Escandelia, ils sont vraiment superbes ! flower

Invité

Rêve ? Réalité ? Qu'importe ! Seul est précieux le moment où l'on croit saisir ce que l'on espère. Bravo pour ce très beau texte Nerwen. flower

**Maîtrise le sujet**

un beau texte très complet avec des description de montagne très précises un vrai bonheur àlire

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