Femme immobile

Femme immobile

Au loin là-bas
par-delà l'horizon des possibles
la femme immobile
espérait le retour

Ce sont eux qu'elle attendait
les marins
les engendrés de la mer
les survivants des flots.

Habitués à l'utile rudesse nécessaire
ils arrimaient leurs pensées abusives
au mât de misaine
avant de s'écrouler ivres.

Conquérants des terres lointaines
amnésiques du visage des femmes
le ciel lui-même les abandonnait
dans les nuits sans étoiles

Proches de sombrer
ils en oubliaient leur reliance
au regard de la femme infini
dont le nom est Espérance


.

...et ils pissent comme je pleure
sur les femmes infidèles...

j'ai pensé au grand Jacques, en te lisant

une finale superbe

Beau et puissant comme l'océan, comme les hommes unis par l'amour de l'immensité.

Je pense aussi bien sûr aux marins d'Amsterdam, de Hambourg ou d'ailleurs[...]

Mais encore à un roman que j'ai lu quand j'étais toute jeune : Pêcheur d'Islande, de Pierre Loti.
Mélange d'amour, de fierté, et de drame.
Je n'y avais plus pensé depuis des années, le titre m'est revenu presque instantanément en lisant ton texte.
Miracle des mots...

En ces deux lignes, alainx dit la force qu'il fallait aux marins pour partir vers l'inconnu...

Citation :

Conquérants des terres lointaines
amnésiques du visage des femmes

et l'abnégation des femmes ;

Il a du souffle ton texte, Alain
A la fois mouvant et figé dans l'immobile...
(et à l'instant, je me souviens d'autres de tes textes librement poétiques, que tu as mis sur ton blog... très denses et puissants)
Une petite remarque: moi je l'aurais mis au présent... il me semble qu'il gagnerait encore en force. (Relis le au présent, pour le "sentir" comme ça!)
Mais bon tu connais ma marotte.. le présent pour moi, confère davantage de "dramatique"
pas dans le sens de "drame"
mais dans le sens de "ce qui se joue d'intense au présent"
Bravo en tous cas pour ce texte vraiment beau

Ah ouiiiiiiiiiii Coumarine !
Tu as tout à fait raison… Ça a plus de densité au présent…

Tu vois comme je suis…
J'oublie les excellents conseils que tu m'as déjà donnés…

Je vais le réécrire pour moi en ce sens…

MERCI
j'aime bien, les commentaires critiques et constructifs…

alainx a écrit:

…

MERCI
j'aime bien, les commentaires critiques et constructifs…

Tu l'auras voulu ...
Mais j'aurais fait aussi ces tout petits edits:


Femme immobile

Au loin là-bas
par-delà l'horizon des possibles
la une femme immobile
espérait le retour

Ce sont eux qu'elle attendait
les marins
les engendrés de la mer
les survivants des flots.

Habitués à l'utile rudesse nécessaire (y'a deja utile, necessaire alourdi, sinon mettre avant rudesse)
ils arrimaient leurs pensées abusives
au a leur mât de misaine
avant de s'écrouler ivres.

Conquérants des terres lointaines
amnésiques du visage de la face des femmes
le ciel lui-même les abandonnait
dans les des nuits sans étoiles (sinon.... a ces nuits sans etoiles)
Proches de sombrer
ils en oubliaient leur reliance
au regard de la femme infini
dont le nom qui s'appelle Espérance


Et avec le present je dis pas....

Sprite, si tu corriges visage par face, le mot de la contrainte (qui est visage) disparaît...
et puis ...face des femmes... euh, ça fait fesse des femmes

Je ne sais pas ce que Alain en pensera, mais moi je pense qu'il a raison de mettre LA femme (et non une femme)
La femme c'est la femme universelle, qui me fait penser à celles des tableaux, ces éternelles guetteuses de l'homme, qui peut-être ne reviendra pas, l'enfant accroché à leurs jupes (et auxquelles la photo fait penser d'une certaine manière)
Une femme devient une femme plus particulièrement et alors on entre dans une histoire (qui pourrait être le sujet d'une nouvelle...mais c'est alors un autre genre littéraire)

Bon ce sont des détails sans doute... mais, non finalement je ne pense pas, et c'est intéressant de réfléchir à ce genre de choses, selon ce qu'on a voulu mettre

SPRITE,

Merci de t'être lancée dans ce genre de remarques, qui ne sont pas monnaie courante sur Kaléidplumes.

Je tiens beaucoup à LA femme immobile ( et non pas une)
cela donne une portée universelle au poème, ce que je désirais.
C'est LA femme de marin, mais au-delà toutes les femmes, et encore au delà tous les êtres humains (hommes et femmes) que nous sommes, qui attendons un certain « retour »…

Pour les autres remarques, ce sont des variantes possibles.
Sauf « face des femmes », qui m'a fait sourire, avant même de lire le commentaire de Coumarine, à cause en effet de l'euphonie… Hasardeuse… !

merci encore d'avoir pris le temps de te pencher sur ce texte.

Je travaille en ce moment sur le 'son dans la poesie' dans un groupe anglophone, et je ne me suis basee que sur ca pour retravailler le texte, seulement a la diction.

J'avais bien pense que 'La' etait plutot determinant, et une fois de plus ce n'etait que pour la diction et le rhytme. Pour la diction j'avais aussi pense a 'cette'. 'une et cette' permette au contraire une emphase du femme en ajoutant une syllabe interieure (evidemment pas si on la lit en parole courante). L'universalite apparait bien avec la deuxieme strophe.

Quand a 'face des femmes', je ne sais pas comment vous prononcez vous, mais avec le 'a' plutot prononce comme on les prononce ou j'ai grandi, ca fait pas 'fesse' du tout. (mais plutot 'fasse'), et c'etait pour l'alliteration. J'ai lu plusieurs fois a voix haute avant d'apporter des modifications.

Serait-ce une derive du a 'facebook' dans la prononciation francaise actuelle? Fort possible.

je te rassure, sprite, en France, nous prononçons bien fAce, et non fAIsse.

ce petit échange montre en tout cas que chaque lecture d'un mot y apporte son propre sens... car à la lecture de "face de femmes", je n'ai pour ma part pas pensé une seconde aux fesses de ces mêmes dames.