Apaisé ! Sommeil définitif... vous pleurez ?
Vos naissances, je les revois. Vos premiers mots ont suivi vos premiers pas. Ils sont des accusations de nos insuffisances.
-Papa, la lumière ?
-Le joug , les vaches, marre...
-Seuls, le matin, le midi et les plus petits qui pleurent !
-Maman rouspète, les sous ?
-Tu trentoles* !!!
-Il était mignon, le chien...
-Un coup de pied, le chat !
Les premières années, la galère était notre quotidien. Vous, les cinq premiers, 1928 – 1936, on avait la soupe, le travail... Tendresse, affection, le temps nous manquait. La mère, moi, on galopait les fermes. Fallait vivre, payer les annuités, l'électricité, poser le lumière, ça coûtait des sous... Oui ! Je levais le coude, je compensais ! Le chien, le chat, ils m'agaçaient... Sarcler le maïs, faucher, herser, c'était la galère, je le sais : les enfants veulent s'amuser, courir. Vous demandiez bises, cadeaux, on vous répondait travail !
Merci. Merci de votre absence de rancune, vous les grands...
Les cadets ? La guerre finie, les allocs, ça aidait ! L'âge s'avançant, on est devenus souples, la mère et moi, et le travail diminuait.
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Dernière vision posthume du père: les ainés ont vécu une enfance difficile. Regrette-t-il ou se dit-il, c'est la fatalité – Quoï ma éïtal !!!** –
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*démarche hésitante caractéristique de celui qui a bu...
**c'est comme ça...