La peur de l'étranger, je ne sais pas ce que c'est, la peur de l'autre, oui, ça je l'ai toujours su.
Est-ce qu'il existe la phobie de l'étranger comme il existe la phobie sociale?
Je ne sais pas trop.
Moi j'ai toujours eu peur de l'autre, en tout cas longtemps peur des autres, mais ma peur n'était pas raciste, elle ne faisait pas la différence entre noir, jaune ou blanc.
La peur n'a pas de couleurs, elle n'a pas d'accent.
Alors je me suis dit ce soir que personne d'autre que moi ne pouvait parler aussi bien de la peur de l'autre.
Avoir peur d'être vue, jugée, détaillée, s'imaginer devenir transparente pour échapper au regard, c'est absurde me direz-vous? Absurde oui! C'est sans doute pour ça qu'on se terre des années durant, jusqu'au jour où on se donne le courage, la hardiesse d'affronter.
Non ! On ne meurt pas sous le regard de l'autre, on souffre parfois, mais on ne meurt pas. Et on se laisse apprivoiser, comme on apprivoise l'autre, avec ses différences.
La peur de l'étranger, est-ce que c'est la peur d'être vue, jugée, détaillée par ce même étranger? Etranger de quoi d'abord? De nous sans doute... Je suppose. Absurde donc (vu plus haut) C'est sans doute pour ça que des années durant on se terre, ou on l'oblige à se terrer, ailleurs si possible!
Jusqu'au jour où il faut bien se donner le courage (ne pas mourir idiot tant qu'à faire), la hardiesse d'affronter l'étranger.
Non! On ne meurt pas sous son regard, on souffre parfois, d'un manque de compréhension, mais on ne meurt pas. On apprend même à l'apprivoiser, avec ses différences, et lui fait de même, puisque nous venons de la même terre, et que nous y retournerons un jour, ensemble ou séparément.
Ce n'est pas facile de se débarrasser d'une phobie, ce n'est pas impossible. Certes quelques un d'entre nous ne parvenons jamais à nous en débarrasser vraiment, il reste toujours une appréhension, on peut la nommer « la peur d'avoir peur », mais l'important c'est la démarche, l'esprit en éveil et la volonté chevillée au corps.
Je ne saurai donc que trop conseiller aux phobiques de tout poils de pratiquer la thérapie comportementale et cognitive.
Et comme je m'adresse aux phobiques des étrangers, je me dois de les prendre en exemple.
- Se confronter par petite dose à l'objet de la peur (ici donc l'autre pour moi, l'étranger pour eux)
- Augmenter le temps de présence de l'objet provoquant les phobies.
- Reconditionner son cerveau (trèssssssssss important): en situation anxiogène, je constate que mon coeur s'accélère, c'est une crise de panique, ce n'est pas grave, je ne vais pas mourir, je sais ce que je dois faire: inspirer doucement, expirer calmement, me concentrer sur mon avant-bras jusqu'à ce que celui-ci se relâche, sentir mes doigts s'engourdir, puis le calme envahir tout mon corps.
- Constater que je ne suis pas morte, que je me sens même mieux.
Si ce n'est pas le cas, exprimer à haute voix ce que je ressens. Par exemple, pour ceux dont je parle plus haut: j'ai peur de toi parce que je ne te connais pas, je ne te comprends pas, je ne sais pas si tu m'acceptes comme je suis, si j'ai le droit de te dire que j'ai peur. Je vais sortir prendre l'air, me calmer, ensuite je reviendrai ou bien tu viendras me rejoindre, et nous parlerons. Moi je te parlerai de mes peurs, et toi tu me parleras de toi, pour que j'essaie de comprendre qui tu es et comment tu fonctionnes.
Si on n'y fait pas gaffe, demain, on ne nous donnera même pas la chance de mélanger les couleurs, de comprendre nos peurs, d'affronter nos peurs.
Demain on ne nous donnera peut être pas le choix.
Alors toi, lorsque tu iras dans l'isoloir, concentres-toi sur ton avant bras puis sur tes doigts avant de glisser le bulletin dans l'enveloppe, respire calmement et répète: J'ai peur de l'étranger, ce n'est pas grave, je ne vais pas mourir, je vais affronter, tout doucement, je vais apprendre, comprendre qui il est, et puis lui dire si il faut, pourquoi j'ai peur. Et ensemble nous essaierons de nous sentir mieux, parce que nous sommes juste, du même monde...