Je suis allée chercher l’eau, avec ma plume, avec mes mots,
La consigne était inspirante et j’étais motivée,
Je la voulais surgissant, claire, bleutée,
D’un de ces magnifiques glaciers des Pyrénées.
Je la voulais sinueuse, éclaboussant les rochers des sommets,
Ceux que je foule sans cesse, sur les sentiers d’altitude.
Je la voulais fraîche, bruyante, envahissante,
Pour accompagner mes pas dans un décor verdoyant.
Oui, je suis allée chercher l’eau, celle que j’aime, que je respire,
Celle qui chante au rythme de mon corps que je rudoie,
Lorsque la pente se fait abrupte.
C’est ce que je m’apprêtais à faire à l’instant même,
Poser des mots sur le plaisir de l’eau.
Et mes pensées sont parties vagabonder vers un ailleurs,
Lorsqu’à la radio, la musique a fait place à l’info
« Danielle Mitterrand est décédée dans la nuit »
Je suis allée chercher l’eau, l’eau de votre vie,
Celle de votre fondation, France Libertés.
Dans cette simple bouteille de plastique,
En forme de feuille, puisque là où il y a des arbres, il y a la vie,
Et là où est la vie, l’eau n’a pas de prix.
C’est donc votre combat que j’ai choisi,
Pour illustrer l’eau, source de vie
Vous pour qui liberté signifiait égalité,
Parce que où que tu naisses, tu as le droit de vivre,
De penser librement, de manger à ta faim, et de boire sans compter
Je suis allée chercher l’eau, celle qui vient dans ma maison,
Celle qui jaillit d’un robinet dans ma cuisine,
J’en ai rempli la bouteille de plastique,
J’ai regardé le message inscrit dans son fond,
Se déformer à travers le clapotis :
« Bien commun de l’humanité
L’eau n’a pas de prix »
Et j’ai pensé à vous, Mme Mitterrand,
J’ai bu à la bouteille, en votre honneur Madame,
J’ai bu l’eau du robinet, en m’imprégnant de cette idée,
Que coulait dans ma gorge un trésor d’humanité.