Ici, le roi c’est moi. J’en use et abuse avec délectation.
Tout le monde m’aime, que dis je, m’adore et se prosterne devant tous mes caprices et volontés.
Je miaule, on accourt…Je ne miaule pas, on accourt aussi.
J’éternue, on s’inquiète.
Je perds un poil, on le ramasse.
J’ouvre les yeux, on s’émerveille. Je les clos, on s’attendrit.
J’ai faim, on me sert. Je n’ai plus faim, on débarrasse et fait la vaisselle.
Ici, je suis bien, je suis heureux. La rue, ce n’est pas ma voie.
Les chattes n’y sont pas fréquentables car pas aussi haut perchées que moi.
A l’intérieur, bien au chaud, étalé, les quatre pattes en l’air, sur le lit de ma maîtresse, je me la coule douce.
Ah que j’aime ma vie ! On me laisse dormir autant que j’en émets l'envie, c'est-à-dire du matin au soir et du soir au matin, cela me fait des journées très très remplies.
On me gâte avec toutes sortes de croquettes mais là attention, j’ai mes préférences aristocratiques ,celles au homard par exemple, alors, si par mégarde, on me sert de vulgaires boulettes de je ne sais quelle basse cour…je ne m’y frotte pas même si je crève de faim. C’est une question de fierté, d’honneur à préserver.
Ici, le plus beau c’est moi. On me le dit. Et comme je suis d’accord avec ce qu’on me dit de positif, je le crois !
Mes longs poils blancs majestueux donnent à ma maîtresse des fils à détordre et à rebrosser chaque jour. Un travail d’esclave que je tolère agréablement parce que je le vaux bien.
Je descends en effet, en ligne directe du shah de Perse ou d’Iran, je ne sais plus, ou des deux à la fois .C’est encore mieux.
Je suis « Le Chat persan » et je le reste.
Ah j’oubliais, le plus important :
Ma maîtresse s’appelle Charlotte, une vraie maîtresse, comme je les aime, avec noble prénom à saveur historique, oui oui, le prénom d’une reine de France par son mariage en 1451 avec ce cher Louis ( XI) que je n’ai malheureusement pas connu !
Je ne l’ai pas choisie par hasard.