Il était une fois une petite fille qui s’ennuyait ferme à l’école… surtout pendant le cours de géographie.
Le professeur était une vieille dame à grand bec emmanchée d’un long cou qui, de son bâton posé sur la carte, nous énumérait la liste de tous les pays vivants sur la terre.
Il y en avait beaucoup , trop, dont il fallait retenir le nom et l’emplacement par cœur.
Je ne connaissais que ceux dans les quelles j’avais été en vacances ou dont j’avais appris quelques histoires .
La France (juste à coté du mien, la Belgique) avec sa tour Eiffel , ses fromages et ses accents . En haut, au-dessus, la Hollande avec ses tulipes et ses moulins à vent . De coté, la Suisse avec sa neige éternelle .Plus bas, en forme de botte d’ogre, l’Italie avec son Pape sur un trône. Enfin l’Allemagne avec ses méchants… « des boches » disaient mes parents, ceux là qui avaient tué l’oncle pendant la guerre….
Mais ce n’était pas tout. Fallait aussi apprendre les capitales. Bon, Paris c’était facile mais avec des Bucarest, Budapest, tonnerre de Brest, ca devenait nettement plus compliqué.
Je préférais faire des avions en papier avec les feuilles de mon cahier et les envoyer s’envoler dans la classe. C’est ainsi qu’après un vol plané réussi , mon avion atterrit un jour dans les cheveux de la terrible maîtresse.
Touchée en plein milieu dans sa fierté, elle sursauta et laissa tomber l’atlas qui d’une traite, se déroula par terre. Ensuite elle se retourna et pointa son bâton et ses yeux vers moi.
Ma main encore toujours levée par l’envoi de mon engin volant me trahit.
« Est-ce vous Charlotte l’auteur de cet exploit ? » demanda-t-elle en tentant d’arracher à ses cheveux mon chef d’œuvre en papier.
« Oui, Madame dis-je avec une certaine satisfaction dans la voix.
-« Eh bien , vous m’en ferez 100 pour demain et en prime vous me ferez également une licorne ,ceci pour vous apprendre qu’on ne se moque pas du cours de géographie et de son professeur.
J’aurais voulu qu’elle me dise au moins dans quelle pays ou capitale vivait une licorne.
Mais je me suis tue.
Je craignais trop qu’elle ne double la mise de ma pénitence