J'ai l'errance languissante
La solitude exacerbée
J’ai la nostalgie puissante
De votre amour évaporé
Je suis une ombre dépravée
À vos yeux désintéressés
Je crèverai sans faire sonner
Les cloches de l’actualité
Hirsute, l’œil torve et blasé
Je traverse vos vies
Sans jamais les froisser
Je pourrais demeurer
Dans ce fauteuil assis
Toute l’éternité
Pas un de vous ne me verrait
Pleurer
Vous êtes trop pressés
Je suis trop dépité
Je ne crois plus au sentiment d’humanité
J’aimerais tant rester sur ce vieux trône usé
Planté en plein milieu de votre destinée
Choper au vol les petites pensées
Qui chatouillent vos cerveaux étriqués
Et leur tordre le cou de mes doigts boudinés
Je pourrais tout entier baigner
Dans la plus éclatante clarté
Et vous pourriez sans fin nager
Dans la plus parfaite obscurité
Que rien n’y ferait
Jamais
Je n’existe pas
Vous ne me voyez pas
Alors je rêve
D’un monde illusoire et sans fièvre
Généreux et tranquille
Chaleureux et docile
Je rêve d’un océan parfait
Dans lequel je me perdrais
Sans plus jamais me souvenir
Que vous ne saviez pas sourire
À ces ombres avinées et poilues
Qui parait-il peuplaient vos rues…