Il n'était plus question de marcher sur la tête et encore moins dans les pieds des autres qui étaient déjà passés par là.
Je ne voulais pas, moi, être prise aux pièges comme un rat de laboratoire. J’étais bien plus intelligente que ces bêtes encagées à qui on fait passer des tests de voyage organisé vers une sortie complètement foireuse car menant toujours vers une autre prison.
Je voulais un vrai voyage, un voyage heureux à la Ulysse, quitte à remettre constamment en question mon itinéraire tracé jadis d’avance par la fatalité de mes gênes, la géographie de mon lieu de naissance ou la couleur de ma peau que je m’esquintais pour d’obscures raisons à vouloir chaque été toujours plus brune comme les indiens à plumes d’Amérique , ceux là même pas découverts par Christophe Colomb. Mais là, je m’évade.
Je rêvais de jungle, de séjour dans les origines premières, d’état pur et de justice, à la moi d’abord ou c’est bien fait pour lui.
Je me sentais prête à affronter toutes les sauvageries animales, les diables rouges grimaçants, les bouffeurs d’enfants et tous les dieux de l’Olympe, de l’Eden et de l’enfer.
Je voulais découvrir en surface et profondeur comment, pourquoi et depuis quand, j’en étais arrivée là, à çà.
C’est ainsi que j’ai acheté un billet d’avion (On est quand même au XXI ème siècle) aller sans retour pour une destination autant lointaine qu’inconnue du monde des malcivilisés, des pigeons, et autres moutons soumis et bêlants.
Cela coûtait cher, et cela risquait de durer longtemps.
Mais l’inconscient de l’âge aidant me soufflait qu’il était temps de partir, même si c’était pour mourir un peu mais pas tout à fait quand même. (Ouf)
Je me disais que la chance ne pouvait que me sourire, vu que, « audaces fortuna juvat », qu’il fallait que je la saisisse à ce prix , que l’argent, c’est pas tout dans la vie ( c’est l’amour) et que et que… et que je n’en perdrais pas mon latin.
(La preuve plus haut)
Sans hésitation, avec audace donc, j’ai grimpé quatre à quatre les marches de l’escalier qui s’ouvrait sur les portes de mon Boeing 747.
Un pilote super diplômé en toutes sciences confondues m’accueillit tout regard et ouïe connectés.
Ma place était réservée tout à coté de lui ,sur le divan allongé, avec une consigne à la clé : l’obligation de se détacher de toutes ses ceintures de sécurité !
Je ne vous dis pas à quoi ressembla le décollage, je cherche encore et toujours les mots pour le dire.
Quant à l’atterrissage, vu toutes les attractions terrestres, je me demande parfois avec angoisse s’il ne nécessite pas un gilet de sauvetage, un masque à oxygène et de solides freins bien puissants.
J’y pense et puis je m’en fous …
Je vole… je vous aime mais je vole, je n’ai plus 20 ans depuis longtemps, je suis même un peu folle ...Et alors ?