Nostalgie...

C'était, il y a plus de vingt ans, le 14 juillet 1989... Cinquante quatre convives se retrouvaient autour d'une table dans une grande pièce qui avait jadis été la salle de classe de l'école communale avant de devenir le café-restaurant, épicerie où se retrouvaient les joueurs de belote du dimanche, où les mécréants attendaient la sortie de la messe d'enterrement d'un ou une habitant de la commune.
Mais auparavant, il y avait eu l'inévitable photo de famille sur les marches de l'église et la photo de la fratrie des neuf sous l'oratoire jouxtant l'édifice religieux. Les trois plus jeunes, en l'occurrence, l'avant dernier des garçons, ma sœur ainée de deux ans et moi, nous nous étions juchés sur le socle de la croix.
Bien sûr, exceptionnellement (!), la plupart d'entre nous avait assisté à la messe du dimanche matin, et tous, sans exception, s'étaient rendus sur la tombe des parents disparus depuis 21 ans pour le père et 17 ans pour la mère
Rien à voir avec une famille recomposée, me direz-vous ? Certes ! Encore qu'il y avait eu déjà dans la fratrie des séparations, mais cependant, en raison de l'éloignement géographique, des relations parfois distendues, les frères et sœurs ne connaissaient pas tous leurs neveux et nièces et à fortiori, leurs enfants. Quant à nos enfants, cousins, au premier degré, l'occasion leur permettait de se découvrir... pour peut-être ne jamais se revoir.
Cette journée est, j'en suis persuadé restée dans toutes les mémoires. Enfin, de ceux qui sont encore de ce monde, parce que les rangs se sont éclaircis : deux frères, un beau-frère et un neveu ont disparu.
Puis, il y a celles et ceux, volontairement ou non, qu'on ne voit plus du tout. Et dans les nouvelles générations de neveux et nièces, quasiment tous volent de leurs propres ailes. Ils ont d'autres chats à fouetter qu'aller à la rencontre des convives d'un jour.

Certes, les liens du sang subsistent bel et bien, qu'on le veuille ou non, mais dans notre société trépidante et moderne, à l'époque où par les fameux  réseaux, vous pouvez retrouver « les copains d'avant », voire reconstituer votre arbre généalogique, que sais-je encore ? mais à ma connaissance, il n'existe pas de méthode miraculeuse pour recréer des liens familiaux y compris à l'occasion d'un enterrement...
Oui, je sais, ce matin, je ne suis pas marrant ! Je ne colle même pas à la consigne, de près ou de loin, mais, cependant, merci Amanda ! Grâce à toi, j'ai revisionné sur mon PC la fameuse photo. scannée et stockée dans une série d'images hétéroclites glanées au fil des ans.

Non tu ne colles pas à la consigne, mais peut être que c'est tant mieux, surtout après avoir lu le texte d'Amanda, j'aurais eu du mal ... Du coup j'apprécie ce texte à sa juste valeur, d'autant que tout ceci me parait tellement familier. Je suis issue d'une famille très nombreuse (ma maman a eu 17 frères et soeurs) Il fut un temps où, avant le décès de ma grand-mère, on se réunissait pour un repas au resto une fois par an. Depuis, ma grand-mère est morte, des oncles et tantes, ma maman. Au final, la famille ne se recomposera pas, c'est une évidence .
Merci pour ce texte Cats

Merci pour ce texte qui me fait réfléchir aussi...

Où est passé le temps de l'esprit de famille ?? la mienne était nombreuse aussi du côté de ma mère...

Tout s'est délité.. plus de nouvelles ni des uns ni des autres..
Et dans la famille qui est de ma génération... ce n'est plus du tout "l'esprit de famille" juste un petit noyau tout fragile...

Quand j'étais jeune j'employais volontiers "famille, je vous hais"

Aujourd'hui comme ton titre, je dirais "nostalgie"...

Intéressant ton texte Catsoniou...

Il me permet de réfléchir à cet esprit de famille que l'on perd quelquefois ! Peut-être sommes-nous devenus trop individualistes, trop égoïste pour maintenir les liens fraternels ? ! c'est dommage... et moi aussi j'en suis nostalgique.

Tu as de la chance d'avoir connu une telle famille, même si maintenant tu as perdu certains de vue !

Tu as bien fait de contourner la consigne de cette façon, je dirais qu'elle remet chaque chose à sa place.

Et je vous envie, vous tous qui avez connu les grandes fratries, les repas de famille.

Fille unique, je n'ai rien connu de tel....Heureusement que j'ai fait des petits et que la tablée s'agrandit.....

J'en serai sans doute l'aïeule

Merci de votre compréhension ...

J'aurais eu du mal à imaginer autre chose .

L'ironie de l'histoire , c'est qu'à l'inverse d'Amanda

Citation :

j'ai fait des petits et que la tablée s'agrandit.....

Nous n'avons pas de perspectives de petits-enfants à gâter, mais il y a encore des frères et soeurs , belles soeurs et beaux frères qu'on voit régulièrement , et à défaut de nous retrouver à 54 comme en 1989, plusieurs fois dans l'année, il faut rajouter des rallonges à la table , déployer des trésors d'imagination pour concocter des menus inédits ; bref, on ne s'ennuie pas ... et je peux dire qu'il subsiste encore un certain esprit de famille, même s'il n'englobe pas la totalité des deux fratries (9 chez moi, hélas réduite à 7 et 6 chez ma moitié ) !

Je me retrouve un peu dans votre cas. Fils unique (Frère décédé), mais un de mes parents avait 7 soeurs et frères qui ont tous eu beaucoup d'enfants, donc j'ai plein des cousines et cousins, (dont je suis le cadet!), que je vois rarement. Toutefois, quand nous nous retrouvons, alors c'est intense ou bien les téléphones durent longtemps LoL. Intéressant pour moi de constater, que c'est avec celles et ceux qui ont un email que j'ai le mieux maintenu les contacts. Toutefois en lisant le texte de catsoniou, je me dis que je devrais être plus attentif à mes relations familiales.
Merci Catsoniou

Je crois que le fait d'être en 2011 ne change rien pour avoir des liens de famille forts ou non... Il y a encore de nos jours des familles qui ont l'esprit de famille tout le temps, au quotidien presque... et pas seulement à Noël ou pour un enterrement.
Je pensais être de ceux-là, je me rends compte que non on peut faire beaucoup, beaucoup mieux avec le soutien des oncles, tantes, cousins, cousines, grands parents, grands oncles et tantes même pour ma fille qui n'est qu'une "pièce rapportée" ou "valeur ajoutée" dans les bons comme dans les moins bons moments !!! Je dois dire que cela quand même vraiment surpris et même remise en question sur l'image que je portais à ma famille.

J'aime vraiment beaucoup ta réflexion sur le "détricotage" des liens familiaux dans notre société moderne et l'évocation de cette réunion familiale de 1989 qui semble appartenir à un lointain passé...

Quand sol-eille écrit :

Citation :

... Il y a encore de nos jours des familles qui ont l'esprit de famille tout le temps, au quotidien

je pense instantanément à une famille de ma commune : 8 enfants de 42 à 53 ans, 6 garçons, deux filles qui habitent tous à proximité de leur maison natale. Ils forment comme un clan dans le bon sens du terme , pratiquent l'entr'aide (une partie étant dans l'agriculture), font souvent des repas de famille et participent souvent ensemble à des intiatives associatives, notamment repas.

Ce qui m'amène à penser que le partage d'une activité professionnlle, ici l'agriculture, aide à voir perdurer les liens familiaux .

Ma famille parait réduite, si on la compare à d'autres, avec le nombre d'enfants, d'oncles, de tantes, etc...

Pourtant, le nombre n'a rien à voir dans l'histoire, seuls comptent les liens du sang, et les efforts des uns et des autres pour entretenir cette flamme vive, ce phare familial.

Je ne sais pas écrire sur la famille recomposée, mais ton texte sur la famille éparpillée, m'a interpelée, catsoniou....

Je trouve très intéressante la tournure que prend cet échange a la suite du texte de catsoniou.
Peut être a développer sous une forme ou une autre, dans le forum...

catsoniou a écrit:

Ils forment comme un clan dans le bon sens du terme , pratiquent l'entr'aide (une partie étant dans l'agriculture), font souvent des repas de famille et participent souvent ensemble à des intiatives associatives, notamment repas.

Je connais plusieurs exemple comme ca, d'enfants qui ont construits pas loin de leurs parents et forment des clans. L'entr'aide oui, mais souvent excluant pour les 'etrangers', ceux venus d'ailleurs, donc tout 'bon sens du terme' peut avoir revers de la medaille.

Mon pere, a vecu longtemps l'exclusion des villageois parce que ne parlant le meme patois qu'eux. Nous etions les rares gosses a l'ecole a pratiquer le francais a la maison. En plus il avait des idees nouvelles: il a ose enseigner a sa femme a conduire!!! La deuxieme du village apres l'assistante sociale.

Boutros-Gally, celui qui preceda Kofi Anan a la tete des Nations-Unis, avait beaucoup a dire sur les esprits de village, qui si ouverts au reste du monde, peut etre positif, mais est encore trop souvent malheureusement 'renferme sur soi-meme'. Il suffit de regarder le resultat des votes de l'ultra droite pour en prendre conscience.

Et c'est souvent le cas partout ou les gens sont trop attaches a leurs terres, c'e-a-d quasiment partout; j'ai entendu des histoires irlandaises (directement de ceux impliques dans des histoires terriennes) et des histoires indiennes pas piquees des vers.

Bref, y'aurait encore beaucoup a dire...