Buis-les-Baronnies, Primidi 1 ventose de l’an 1795
Ma chère Marie-Caroline,
Ce n'est point sans une certaine appréhension que je prends la plume.
J'ose espérer que ma témérité à vous écrire, sera récompensée et que vous prendrez la peine de me lire.
Je sais combien votre temps d'écrivaine est précieux et combien j'abuse en espérant une réponse de votre part.
Vous souvenez-vous seulement de moi ?
Notre seule et unique rencontre remonte à l'été dernier lors de l'investiture solennelle de Nicolas 1er en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Nous fûmes présentés lors de la réception chez Monsieur Fouquet, mon oncle.
Je suis immédiatement tombé sous le charme.
Vous étiez éblouissante dans votre robe de Monsieur Galiano, coiffée à ravir par une capeline de Mademoiselle Rose Bertin.
Votre talent de conteuse vous valut un auditoire admiratif, dont je fis partie.
L'ironie avec laquelle vous nous narriez la cérémonie, votre impertinence voire votre audace à mimer la si douce Carlita m'ont vivement impressionné.
Rentré dans mon manoir provençal, je n'ai plus qu'une idée en tête : vous revoir, tenter de faire partie du cercle de plumes que vous avez créé, y être admis par vous et vos congénères ( Ciel ! Où vont-ils donc cherché ces surnoms amusants dont ils s'affublent ?)
Madame, je vis d'espoir.
Respectueusement vôtre,
François Fouquet.