Lyon, Decadi 2O Ventose de l’an 1795
Cher Mr Fouquet,
J’espère que vous aurez l’amabilité d’excuser mon retard à vous écrire. D’habitude je me fais toujours un point d’honneur à répondre rapidement aux lettres d’admirateurs comme vous.
Mais il est vrai qu’en ce moment je suis bien prise dans le tourbillon lyonnais ! Théâtre, opéras, soirées mondaines, je ne sais plus où donner de la tête ! Je dois aussi finir les dernières corrections de mon prochain roman.
Je me souviens parfaitement de la cérémonie d’investiture de Nicolas 1er et de sa Dame Carlita, ainsi que de la réception qui s’en suivit chez Mr Fouquet, qui est donc votre Oncle.
En revanche, et pour être franche, je dois dire que je ne me souviens pas vraiment de vous. J’espère que ma franchise ne vous offensera pas.
Il est vrai qu’il y avait beaucoup de monde et qu’il faisait bien chaud ! Je pense aussi que j’avais abusé d’un petit vin blanc sec, (des côtes du Ventoux me semble-t-il), au demeurant excellent, qui m’a sans doute un peu tourné la tête pour m’être laissée aller à de telles impertinences.
A vous lire je vois que vous êtes un amateur de mots. C’est bien ! Jouer avec les mots permet d’élever son esprit.
Alors qu’il est temps de prendre congé de vous, je ne peux que vous encourager à continuer ainsi.
Respectueusement vôtre
Marie Caroline RECAMIER