Ma maison n’a pas de murs, ma maison n’a pas de portes. Ma maison est un long ruban de bitume détrempé et de sentiers lumineux.
J’aimerais que mes mots épousent les rochers du vent. J’aimerais qu’ils glissent le long des vallées, qu’ils batifolent d’hêtres en êtres.
J’aimerais qu’ils laissent leurs empreintes dans la terre glaise, qu’ils ricanent d’au dessus les nuages des petits points noirs qui s’agitent frénétiquement en bas.
J’aimerais qu’ils s’enlisent dans les brumes et les pièges du Yeun Elez, qu’ils se désagrègent dans les torrents de pluie froide, qu’ils se fondent dans les pas sans cesse renouvelés.
Mes mots résisteront-ils à une longue marche solitaire ? Mes mots ne seront-ils pas trop pauvres pour s’extirper de leur gangue ?
Les mots sont ils si importants pour l’homme ? Ne sont ils pas tromperie et gageure ? Les mots rassurent ils l’homme dans son humanité ?
Ma maison n’a pas de murs, ma maison n’a pas de portes. Ma maison est un long ruban de bitume détrempé ou de sentiers lumineux.
(NB : Ecrit samedi au lac de la tempête à 2100m d’altitude et remanié le soir)