Tel le lapin dans « Alice au pays des Merveilles », nous courons montre en main.
Nous courons tout le temps.
Nous courons après le temps.
Nous détestons perdre notre temps.
Au petit enfant qui traîne à avaler sa tartine avant l’école, nous répétons chaque matin :
« Dépêche-toi ! Tu n’as plus le temps ! On va être en retard ! »
Au même ou à son pareil nous redisons le soir :
« Je n’ai pas le temps ! Je n’ai pas le temps de t’écouter raconter ta journée, va jouer ou allume la télé ! »
STOP !
Et si on arrêtait ?
Et si on poussait sur le bouton « Pause » ?
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Impensable !
Le temps c’est de l’argent !
Par les temps qui courent, on ne peut se permettre d’arriver en retard :
A l’école-Au boulot-au foot-au judo…
Aux rendez-vous chez le kiné-le psy et tutti quanti…
On n’aura jamais le temps de tout faire !
Mais à quoi bon vouloir tout faire ?Et si on essayait pour une fois de ne faire qu’une seule chose à la fois, mais de la faire bien ?
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Elle a décidé de faire un enfant.
Oui, mais alors, tout de suite !
Parce que l’horloge biologique tourne.
L’impatience déjà avant la naissance…
Une fois l’enfant né (si pas déjà avant !), elle commence déjà à s’organiser et planifie la meilleure manière de ne plus s’en occuper.
Car elle a une carrière à mener, un job à conserver, des sous à gagner…
Ou alors elle a une affaire à faire tourner, une ferme, des vaches, un magasin…On ne peut pas être à la fois au four et au moulin !
Une place à la crèche, une nounou ou une Mamie pour les maladies, une fille au pair pour les vacances, une gardienne ou à défaut….la colo, les scouts, le patro…
Elle ne va pas se priver de loisirs non plus.
Ce n’est pas parce qu’on a un enfant qu’il faut être avec lui tout le temps !
Alors, on se garde des week-ends en amoureux, on se fait un petit dîner avec les copines et on va au Club, où d’excellentes animatrices s’occupent très bien des bambins !
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Et passent les années…
Et s’en est allé le petit.
Et d’un coup sec, elle se retrouve avec une éternité, une plage complètement désertée, avec des vagues à l’âme…
Et là, une heure de plus, une heure de moins, quelle importance !
Elle a le temps, tout son temps !
Et puis, la nouvelle lui tombe dessus sans crier gare : le temps lui est compté et il ne lui reste que se yeux pour pleurer.
Quand l’enfant paraîtra pour un ultime « Au-Revoir », il sera trop tard.
Il dira : « Mais enfin, quoi ? Nous avons perdu une heure dans les embouteillages, nous ne savions pas que c’était si grave ! »
« Le temps qui vous est imparti est écoulé »
C’est le mot de la FIN.